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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Traù

"Vide' o mare quant'è bello/ Spira tantu sentimento… L'Ulysside chante. Il aime les chansons napolitaines autant que les complaintes siciliennes. Mais c'est un chant de barcarol qui serait de circonstance: voici Trogir, la Venise dalmate. L'eau qui nous porte est d'une transparence merveilleuse. L'air est paisible, léger et, du moins il me semble, plus amical, plus civil, moins brusque enfin, qu'à Split. Ce petit coin de riviera dalmate a des douceurs de riviera française ou italienne. Et puis, l'on est accuelli, dès que Trogir est en vue, par un visage de ville tout à fait souriant et doré. Voici, au ras de l'eau comme à Venise, des maisons aux beaux tons chauds, ornées d'écussons de marbre et de lions. Voici l'antique citadelle vénitienne crénelée qui roussit au soleil et, sitôt après le débarcadère, les petites rues dallées et la placette à loggia. […]. Ni les Français de Napoléon, malgré le ridicule petit belvédère dans le goût antique dont ils l'ont dotée, ni les Autrichiens, ni maintenant les Yougoslaves n'ont altéré son caractère avant tout vénitien. La cathédrale, dont elle n'est pas peu fière, fut cependant commencée hors de l'influence de Venise. […].

La promenade dans les rues de Trogir est délicieuse. Des trente-deux églises qu'elle posséda jadis il ne reste que trois ou quatre, bien suffisantes d'ailleurs à una petite cité de 1.500 habitants. Elle a ses palais, tout comme Venise. Le palais Cippico, les palais Garagnin et Fanfogna, aux noms vénitiens, puis ceux appartenant aux familles yougoslaves Shubitch et Andreis nous sont nommés au passage par le monsieur local. […]. Une agréable «trattoria» nous accueille à la fin de la promenade. L'hôte y sert du poisson sorti il y a dix minutes des barques de pêche, frutta di mare aussi savoureux en son genre que le raisin cueilli à la treille à côté, et le vin dalmate complète le festin" (pp. 54-57).