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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Almissa

“Surgissant d’une nette coupée dans les montagnes pelées, voici la Cetina, verte et lente, et au bord, Almissa. Almissa est couchée au ras de la haute falaise, ses maisons blanches à toitures rouges grillent sous le soleil ardent et se reflètent dans l’eau glauque dont le miroir poli leur renvoie mille traits brûlants. Avant de s’unir à la mer, la rivière somnole dans les ajoncs qui paraissent plus verts que nature à cause de l’horreur grise de la roche formant repoussoir.

Il est neuf heures du matin, le thermomètre installé dans l’auto marque 45 degrés à l’ombre! Mais nous somme acclimatés désormais à ces terribles chaleurs.

Almissa, endormie depuis des années, est aujourd’hui un petit port de nulle importance. Elle eut son heure de gloire, gloire redoutable et criminelle, car elle fut jadis un repaire de pirates. C’était aux douzième et treizième siècles. […]. Tout comme pour les Uscoques de Zengg, Venise chercha longtemps en vain à détruire les pirate d’Almissa qui causaient d’incalculables dommages à son commerce et à sa navigation. […]. Venise parvint enfin à les réduire et le Lion de Saint-Marc, qui déploie ses ailes sur les murailles d’Almissa, l’atteste péremptoirement. 

Quand on voit ce paysage farouche, ces rocs rébarbatifs, cette rivière aux eaux sinistres et cette sombre gorge, de pareils souvenirs se font tableaux!” (pp. 117-119).