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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Ragusa

“Quel voyage délicieux jusqu’à Raguse par le canal de Calamotta avec ses échappées sur la mer bleue à travers les îles qui longent la côte! Quelle végétation de pins, d’oliviers, quelle variété dans les habitations, vrais nids de verdure!

On ne quitte pas le pont du bateau fasciné par le panorama à la fois reposant et harmonieux jusqu’à la large baie du port de Gravosa où accostent les navires à destination de Raguse. Gravosa acquiert une très grand importance car en dehors de son port accessible aux grands bateaux il s’y trouve la tête de ligne de chemins de fer qui pénêtre en Herzégovine et en Bosnie, à Mostar, à Banjaluka, à Sarajevo et Jaiče et tant d’autres sites pittoresques. Mais tout près de Gravosa se trouve Raguse qui éveille dans le cœur des Français tant de glorieux souvenirs du temps de Marmont maréchal de Napoléon, qui, investi du titre de duc de Raguse, a présidé pendant plusieurs années à l’administration de ce pays. […]. 

Adossée à des hautes montagnes, ainsi que Monaco, elle reste obstinément enfermée derrière les vieux remparts. Quelques-uns de ses anciens édifices sont fort beaux et témoignent de l’ère de longue prospérité qu’elle a connue. Le Stradone, la rue principale qui traverse toute la ville, possède à chacun de ses deux bouts un cloitre fort intéressant du côté de la Porta Pile le monastère des Franciscains avec le puits d’Onofrio si pittoresque, et du côté de la Porta Ploce celui des Dominicains. Le monument le plus important est le Palais des Recteurs le siège du gouvernement de la république, où toute la grâce de la Renaissance et de la gothique vénitienne se trouve réunie dans un ensemble à la fois grandiose et harmonieux.

Raguse n’offre pas seulement un intérêt tout particulier à ceux qui aiment à évoquer le passé mais retient les visiteurs par sa situation si favorisée, par des hôtels du dernier cri et surtout par ses environs absolument délicieux, tels la route de Raguse à Gravosa, la «bella vista», l’île de Lacroma que l’on atteint en quelques minutes du Porto Cassone et qui n’est qu’un parc immense autour de l’ancien château, transformé après la mort de l’archiduc Rodolphe en un couvent de Dominicains, avec sa petite mer intérieure pleine de mystere et toute sa poésie un peu mélancolique, mais combien inspiratrice, les sources de l’Ombla, ce fleuve du Karst qui jaillit tout entier des rochers pour se jeter 4 kilomètres plus loin dans la mer, les platanes millénaires de Cannosa, la presqu’île de Lapad toute couverte de forêts, Ragusavecchia avec sa grotte d’Esculape, Breno et ses cascades en pleine verdure et toutes ces petites îles autant de petits paradis” (pp. 12-14).