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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Segna

"Segna est à-peu-près aussi éloigné de Fiume, que Fiume l'est de Trieste. Dès que l'on arrive au haut de la montagne qui domine Buccari, on apperçoit cette petite ville au fond dun bassin, formé par une chaîne de monts qui mettent le port entièrement à l'abri des vents. L'entrée en est défendue par un petit fort qui donne sur la mer. On descend, ou plutôt on se précipite sur Buccari, par une route fort bien faite. Ce pays est peuplé de très-bonnes gens qui, en dépit de leurs grandes moustaches, inspirent souvent de la confiance au premier abord ; ils saluent les voyageurs avec beaucoup de respect, et ne manquent jamais d'ôter leur bonnet rouge, ce qu'ils font d'autant plus scrupuleusement, que leur salut est en même temps une louange à Dieu ou à la Vierge. Mais les femmes sont dans ces contrées des êtres bien malheureux. Elles sont, comme dans toute la Croatie et la Dalmatie, prèsqu' uniquement chargées des travaux les plus pénibles ; elles conduisent d'une main assurée et robuste des petits bœufs à demi sauvages, atteléà des chariots grossièrement construits. Souvent on rencontre ces femmes. Le dos courbé sous d'énormes fardeaux, filant en même temps la laine qui doit servir à l'habillement de leurs époux indolens. Leur accoutrement, qui varie le long de la côte, commence à être ici extrèmement curieux. Elles portent des espèces de brodequins au lieu de bas ; une robe de laine faite à façon de levite, et des souliers très-pointus, formés de bandelettes de cuir ; les morlaques en Dalmatie n'en portent pas d'autres : on les appelle opanke, et doivent être fort commodes, dès qu' on y est accoutumés, car le pied s'y trouve trèà son aise" (p.40).